Un peu d’histoire…

L’art-thérapie, un soin du XXIe siècle ?

Notre langage, nos mots seront toujours mal adaptés à vouloir rendre compte ou essayer de définir ce qui, peut-être, constitue l’essence, la genèse et les aboutissements de la création. Et nos vies d’écriture ne traduiront que très grossièrement ce qui prend vie dans le chaos et qui ne se communique que dans le silence d’un langage d’âme à âme.

Stefan Zweig (1881 – 1942)

La définition de l’art-thérapie

La Fédération Française de l’Art-thérapie spécifie que l’art se met au service du soin pour renouer une communication, stimuler les facultés d’expression et dynamiser les processus créatifs de la personne.

Il s’agit de soins psychiques mais aussi de soins du corps.

L’art-thérapeute va stimuler chez le patient des capacités sensorielles et émotionnelles, motrices et cognitives (mémoire, imagination, créativité…), ainsi que des capacités relationnelles, en vue d’atteindre un objectif thérapeutique précis et personnalisé.

Pour le psychiatre Jean-pierre Klein (2014), le travail subtil de l’art-thérapie prend les vulnérabilités comme matériau :
« Elle recherche moins à dévoiler les significations inconscientes des productions qu’à permettre au sujet de se re-créer lui-même, se créer de nouveau, dans un parcours symbolique de création en création.

L’art-thérapie est ainsi l’art de se projeter dans une œuvre comme message énigmatique en mouvement et de travailler sur cette œuvre pour travailler sur soi-même. »

L’art-thérapie est une forme de détour pour s’approcher de soi.

Les origines de l’art-thérapie

Les filiations de l’art-thérapie sont diverses et bien que l’art-thérapie soit récent et en plein essor, on trouve trace du soin au travers d’une médiation artistique à des fins thérapeutique depuis que l’art existe.

Au paléolithique et du néolithique, de très nombreux préhistoriens rapportent l’origine de l’art pariétal et rupestre à des cultes chamaniques porteraient ainsi une fonction thérapeutique.

Dès l’Antiquité, que ce soient le mathématicien Pythagore ou les philosophes grecs Platon et Socrate, ces derniers soulignent l’importance fondamentale de certains arts dans le processus de soin.

Bien plus tard, à la Renaissance, des écrits évoquent le pouvoir curatif de la peinture.

Dans le champ des pratiques médicales du XVIIe et XVIIIe siècle, les médecins classiques utilisent la médiation artistique : par des stimulations artistiques, il s’agissait de réintroduire dans l’esprit du malade l’harmonie qui faisait défaut.

C’est au court du XIXe siècle que le trait d’union entre l’art d’une part et le thérapeutique d’autre part se rejoignent par la rencontre de deux courant distincts : l’un issus des arts et l’autre de la psychologie.

Le courant médical étudiant les arts :

Ce courant issu des médecins, psychologues, psychanalystes, éducateurs, ont introduit des matières artistiques dans leurs pratiques thérapeutiques.

  • Le fondateur de la psychiatrie, Philippe Pinel (1745-1826), proposait des activités artistiques dans son programme de soin.
  • Pour développer son œuvre, le neurologue Sigmund Freud (1856-1939) s’est fortement intéressé au processus créateur de l’œuvre d’art.
  • Le psychanalyste Carl Gustave Jung (1875-1961), préconise comme matériel issus de l’inconscient plutôt l’imagination éveillée que le rêve. Il va expérimenter lui-même le processus de création de la matière en modelant et en sculptant.
  • En 1922, Hans Prinzhorn (1886-1933) développe la psychologie de la mise en forme par la Gestaltung, fondée sur le besoin d’expression.

De même, les psychologues utilisent les médiations artistiques telles que le dessin dans leur processus de soin.

  • Le pédiatre et psychanalyste D.W. Winnicott (1896-1971) s’intéressera à la fonction du jeu et de la créativité dans ses écrits : il lie la créativité au fait inhérent de vivre.

Le courant des artistes qui s’immiscent dans le soin :

Ce courant est issu des artistes et théoriciens des arts qui ont introduit l’art dans le soin.

La thérapie par l’art a été largement influencée par le surréalisme et l’art brut.
L’Art-brut est le terme par lequel le peintre Jean Dubuffet (1901-1985) désigne les productions de personnes exemptes de cultures artistique.
Pour le Poète,  écrivain et théoricien André Breton (1896-1966), les artistes sont en relation avec l’inconscient.

  • Edith Kramer (1916-2014) est une artiste autrichienne qui donne des cours d’art au Bauhaus et à la Weimar. Edith Kramer estime que l’art et le processus de création représente en premier lieu des facteurs de soins et de guérison. Elle découvrira l’impact thérapeutique de l’art lorsqu’elle part à Prague enseigner l’art aux enfants des réfugiés politiques.
  • Anglais Adrian Hill (1895-1911), peintre anglais, est affecté par la tuberculose. Dans le Sanatorium où il est soigné, le peintre  utilisera  le dessin et la peinture pour activer son processus de guérison. C’est dans son ouvrage (1946) que le terme « d’Art-thérapie » aurait pris naissance. Pour lui, l’esprit créateur, s’il est dans une démarche positive, est capable d’accompagner le corps de manière positive et de guérir certaines affections.
  • Margareth Naumburg (1890-1983), écrivain, poète et dramaturge, elle est une des premières personne à avoir théorisé l’art-thérapie. Elle étudie avec Maria Montessori. Pour Margareth Naumburg, le dessin, la peinture ou tout autre art doivent être un moyen pour les élèves de trouver leur « essence ».